Pierres à cupules, gravures et néolithique de nos montagnes

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XX INTERNATIONAL ROCK ART CONGRESS IFRAO 2018

Valcamonica (Italia)
29 August - 2 September 2018

Retrouvez-nous aux conférences IFRAO 2018

Intervention le samedi 1 septembre vers 18h.
Salle : D3 - Consolata
New research in the rock art traditions of the Alps
Pascal Pannetier - Cruciform anthropomorphs in the Alps

Nous y interviendrons pour évoquer nos recherches sur les croix gravées au néolthique et à l'âge du bronze et leurs relations avec le phénomène des pierres à cupules et autres gravures.

Je serai ravi de vous rencontrer pour échanger et débattre sur tout ces différents sujets.

Ceux qui n'auront pas eu la chance de participer à cet évennement peuvent télécharcher les supports de mon intervention ici dans plusieurs langues.


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Détails des résultats de l'étude des gravures

Le but de cette étude était de mieux comprendre les pierres à cupules en analysant leurs gravures avec un focus particulier sur les cruciformes pour mieux les catégoriser. Pour cela nous avons analysé un échantillon significatif de pierres à cupules (plus de 3000) réparties dans les Alpes entre la Suisse, le Piémont en Italie et le nord des Alpes Françaises.

Les données Suisses proviennent des relevés effectués par le SSDI sur le site web www.ssdi.ch et disponnibles en ligne. Ces données comportent pour plus d'1/3 d'entre elles des photos ou relevés. Ces données couvrent l'ensemble de la Suisse, nous n'avons conservé principalement que celles qui concernent les pierres gravées avec cupules et ou cruciformes. Les données Françaises, Italienne et quelques Suisse partie sud-ouest, proviennent des relevés mis en ligne par le chercheur Français Aimé Bocquet http://aimebocquet.perso.sfr.fr ils portent sur le mégalisthisme mais les pierres à cupules y sont majoritaires. Entre les deux bases il y a quelques dizaines de doublons sur la Suisse mais qui ne peuvent pas perturber significativement les résultats. Les données Suisses ont été traduites en Français et leur géo localisation recalculées pour Openstreet maps. Les données Françaises ont été approximativement géo localisées pour voir leur répartition. L'ensemble des fiches est consultable sur cette page http://oldmaps.free.fr/cupules/neo_base.php?pays=France pays par pays.

Les critères dans notre étude de différenciation entre croix chrétiennes et pré chrétiennes sont les suivants.

Du fait de l'acte religieux, les croix chrétiennes historiques répondent à certains canons mentaux impératifs, on ne badine pas avec le sacré.
Voici les critères que l'on s'attend à trouver :
- les branches sont perpendiculaires,
- un trait vertical plus grand vers le bas ou égal,
- un trait horizontal placer dans la partie haute pour les croix latines,
- un dessin généralement bien vertical,
- des traits bien droits,
- des gravures à l’aide d’outils métalliques.

Le dessin de base de la croix historiques a donné naissance à beaucoup de variantes, mais répondant toujours à ces critères de base assez précis. On peut penser que les gravures ne répondant pas totalement à ces critères, sont de potentiels cruciformes préhistoriques ou pour le moins païens. Parmi ces cas possiblement anciens on trouve des cruciformes aux croix peu perpendiculaires, aux trais peu droits, aux positions peu conventionnelles, avec des jambes ou des marquages sexués, ... ou qui cohabitent en nombre de façon très imbriquées avec des anthropomorphes ou d’autres gravures néolithiques. Ces différentiations restent compliquées, des motifs très proches aillant persistés sur l'ensemble des périodes. Malgré cela en comparant un grand nombre de gravures on arrive assez bien à les reconnaitre et à les distinguer.

Mon analyse des résultats de l'étude des gravures

On peut voir que les croix historiques conformes au standard chrétien sont bien inférieures aux croix païennes dans les trois pays. En France et dans le Tessin leur fréquence au dessus de 19% y montre un lien fort entre cupules et cruciformes. Ces résultats inattendus tendent à décrédibiliser la théorie qui veut que ce soient des croix de christianisation des pierres. Il faudra trouver d'autres explications plus crédibles.

La Suisse montre un taux de croix grecs bien supérieurs aux croix latines, par rapport aux autres pays.

L'Italie a le plus fort taux de goulottes sur les pierres avec 28% et en moyenne 14% pour les autres pays, ces taux important montre aussi un lien très fort entre cupules et goulottes, bien plus élevé que je le pensais avant. La France a un taux de cupules cerclées et de labyrinthes de 14% très important par rapport aux deux autres pays.

Ces informations nous montre avec une vision plus globale de ce phénomène que des croix préhistoriques sont une possibilité à ne pas négliger. Ou pour le moins que des croyances païennes utilisant des croix existaient bien en marge du christianisme à ces débuts.

La vision géographique de la répartition de ces pierres montre une plus forte concentration en montagne et en altitude. Certaines régions concentrent beaucoup plus de cruciformes que les autres. On peut aussi voir les concentration de ces populations et les points de passages utilisés. Les notions de frontières n'existaient pas, elles étaient seulement dictées par le terrain.


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Répartition des pierres analysées.

Voici les données obtenues par l’étude :

Suisse

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Zoom sur le Tessin

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Le Tessin concentre beaucoup plus de cruciformes que les autres régions de Suisse.

En Suisse des recherches et inventaires menés par l’archéologue Franco Binda dans le Tessin, nous indiquaient quelques chiffres dès 1978 :
- Tessin Suisse sur 292 pierres gravées de signes : 75% comportes des cupules, 13,4% des cruciformes, 0,8% des croix de forme latines.
- Grison Italien sur 179 pierres gravées de signes : 77% comportes des cupules, 13,9% de cruciformes, 1% des croix de forme latines.

France

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Italie

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Conclusion

D'après cette analyse et d'autres suivant mes recherches, il semblerait bien que les croix solaires et les croix dites latines ont toutes les deux existées avant et après le début du christianisme. En fait le christianisme a mis plus de temps qu'on le pense à convertir totalement les croyances des provinces les plus isolées qui ont continuer un paganisme plus ou moins sous influence. Les croix de forme latines antérieures sont limitées à certaines régions en marges et uniquement dans le cadre limité des pierres à cupules. On en trouve très peu sur d'autres supports, et quelques rares cas peints ou gravés en grottes.

Mais on est encore très ignorant dans ces domaines tout est à revoir et à comprendre. Il reste encore beaucoup d'idées préconçues, que n'avaient pas les chercheurs plus anciens, ils étaient souvent homme d'église et faisaient bien mieux la différence entre croix chrétiennes et païennes.

Pour progresser dans les recherches sur les cruciformes, il faut arrêter de placer dans les Croix Chrétiennes tous motifs en croix. Il faut une analyse plus précise des caractéristiques chrétiennes d'une croie et accepter qu'ai existé aussi des cruciformes païens aux mêmes périodes au début ou antérieurement avec des formes de base qui parfois peuvent se ressembler un peu.

Il faut que les croix gravées sur rocher sur les sites à pétroglyphes soient étudiées comme les autres motifs, sur des critères véritablement scientifiques et pas écartées des analyses par présomption de motifs chrétiens.

- Techniques de gravage,
- Superpositions éventuelles,
- Contexte des autres gravures,
- Style du motif,
- Référence à des motifs datés (en fouille),
- ....




Au moins une pierre datable existe en France avec des gravures cruciformes pré chrétiennes et des cupules. Elle a été trouvée lors de la fouille ancienne de Paul Du Chatellier en 1876, sur le tumulus de Renongar en Plovan (Finistère). Plusieurs dalles, comportent des cupules et des cruciformes dont certaines croix de forme latine, ce tumulus serait datée du néolithique moyen/final.

dalle_de_Renongar2.jpgFouilles du tumulus de Renongar en Plovan (Finistère) par Paul Du Chatellier en 1876.




Création 2016, mis à jour le 24/01/2024